Depuis la mi-2023, la région d’Amhara, dans le nord de l’Éthiopie, est en proie à une guerre opposant les forces gouvernementales à la milice FANO. Le 24 septembre, cette dernière a lancé une nouvelle campagne militaire qui rencontrerait plusieurs succès. 

C’est quoi les FANO?

De quoi parle-t-on exactement? Les FANO c’est un agrégat de groupes rebelles opérant dans la région de l’Amhara. Initialement, les FANO avaient un fonctionnement très décentralisé, d’où l’idée d’un “agrégat de groupes rebelles” plutôt que d’un corps homogène et concentré. 

Néanmoins, depuis mai 2025, 85% de ces factions se sont unies dans une Force nationale amhara Fano (AFNF). Ils ont 3 objectifs majeurs : protéger la minorité Amhara contre l’oppression du gouvernement, renverser ce dernier, et récupérer plusieurs territoires.

La guerre en Amha-quoi?

Bien que la guerre dans la région dure depuis 2023, les FANO et les forces gouvernementales étaient encore des alliés en 2022. En effet, lors de la guerre du Tigrée, les FANO, ennemis du FLPT, avaient aidé le gouvernement dans la conduite de leurs opérations. 

Toutefois, en avril 2023, le gouvernement décide l’intégration de forces paramilitaires régionales à l’armée fédérale. Les FANO l’ont vécu comme une trahison. Cette mesure les amputait d'une immense partie de leurs forces et allait à l’inverse de leurs revendications. 

Le criminobel de la paix

En parallèle de cela, Abiy Ahmed Premier Ministre depuis 2018, a considérablement durci son régime. Lors de l’insurrection FANO, il déclenche l’État d’urgence, qui lui permet d'interdire les rassemblements publics, de procéder à des arrestations sans mandat…

Depuis 2023, on observe ainsi un durcissement du régime avec une multiplication des arrestations, en particulier de journalistes, et une prolongation des pouvoirs permis par l’État d’urgence malgré la fin de ce dernier en juin 2024.

Les civils comme premières victimes

Comme toujours, les civils sont les premières victimes de ce conflit. En 2023, tout le nord de l’Éthiopie souffrait d’insécurité alimentaire, soit près de 20 millions de personnes. De même, les populations civiles souffrent de nombreuses exactions.

La milice FANO, a par exemple pu lancer des grenades au milieu de foules civiles réclamant la fin de la guerre. Les civils souffrent également beaucoup de l’usage des drones. L’armée éthiopienne, elle, a été également pointée du doigt pour ses nombreuses  exécutions de civils

L’évolution du conflit

Les forces FANO sont en train de capturer la ville de Weldiya (± 100k habitants) dans l’est de l’Amhara tandis que plusieurs autre combats ont lieu autour de Gondar (±200k habitants), ville qui avait été momentanément capturée par les FANO en 2024. 

Il est donc nécessaire de suivre attentivement le développement de l'actuelle campagne militaire pour savoir si les FANO sauront bénéficier de leur récente unification et capitaliser sur le soutien de la population amhara. 

En somme, l’année à venir s’annonce capitale pour l’avenir de l’Éthiopie. De nouvelles élections générales auront lieu en 2026. Or, le durcissement actuel du régime pourrait bien s’intensifier face à son incapacité à répondre aux troubles sociaux et politiques du pays.