La déclaration du 7 novembre 2025 et l’affirmation d’une position ferme sur la question chinoise  

Alors que les premiers jours de son mandat laissaient préfigurer une forme de modération dans la gestion des  relations diplomatiques du Japon avec ses voisins, les propos tenus par Sanae Takaichi à la Diète, le 7  novembre dernier, affichent une autre tonalité. Répondant à la question d’un député évoquant les risques  d’une attaque chinoise sur Taïwan, la Première ministre a indiqué que cette éventualité pourrait entraîner  l’envoi de troupes japonaises au secours de l’île, dans le cadre de la « légitime défense collective » prévue  par la loi japonaise de 2015.  

La mise en avant de la « menace existentielle » de l’expansionnisme chinois pour les intérêts japonais

Dans la suite de son discours, Takaichi a justifié sa prise de position en avançant qu’une attaque de la marine chinoise sur Taïwan représenterait une « situation critique pour les intérêts vitaux du Japon ».  Déjà impliquée dans un contentieux de longue date avec Pékin au sujet de sa souveraineté sur les îles Senkaku, Tokyo craint qu’un éventuel conflit n’impacte la stabilité de Yonaguni, territoire insulaire japonais situé à une centaine de kilomètres de Taïwan.  

Une réaction épidermique de la diplomatie chinoise…  

Pékin à presque dans l’immédiat réagi à cette déclaration, d’abord sur un plan rhétorique. Dans un post X, supprimé depuis, le consul de Chine à Osaka a menacé de « couper cette sale tête », sans préciser à qui il  faisait allusion. Le 13 novembre, le ministre chinois des Affaires étrangères a convoqué  l’ambassadeur japonais et a également affirmé que « la nature et l’impact de ces déclarations sont  extrêmement graves ». Le même ministre des affaires étrangères a ensuite publié un communiqué repris par  la presse nationale dans lequel il appelait ses concitoyens à éviter de se rendre au Japon en soulignant les  « fréquents incidents criminels visant les ressortissants chinois ».  

… S’accompagnant de mesures coercitives sur le plan économique  

Dans la foulée de l’avertissement du ministre lancé aux ressortissants chinois, les trois principales  compagnies aériennes du pays ont exceptionnellement mis en place un système d’annulation gratuite pour  tous les vols vers le Japon programmés du 15 novembre au 31 décembre 2025. Selon un analyste du secteur  aérien chinois, près de 600 000 billets ont déjà été remboursés au 24 novembre, et la dynamique est amenée à  s’accélérer au mois de décembre avec une estimation d’une diminution de 268 vols par rapport à novembre. Pékin a également annoncé la réintroduction de son embargo sur les produits halieutiques japonais  alors que 22% des exportations issues du secteur de la pêche nippon dépendent de la Chine, ce qui fait craindre à Tokyo l’entrée en vigueur d’autres mesures restrictives courant décembre.

Vers un nouveau bras-de-fer inquiétant pour la stabilité régionale ?  

Dimanche 23 novembre, le ministre japonais de la défense a annoncé qu’un projet d’installation de missiles  guidés sol-air à moyenne portée sur l’île de Yonaguni était « en bonne voie ». Une déclaration encore une fois interprétée par Pékin comme une diatribe belliciste lors d’un point-presse du ministère des Affaires  étrangères. Le lendemain, un drone soupçonné d’être chinois a été repéré en train de voler du côté de l’île  japonaise, contraignant Tokyo à déployer des avions de patrouille en direction de Yonaguni qui abrite déjà une base des forces d’autodéfense depuis 2016. Différents signaux hostiles qui, selon l’expert en sécurité Yasuhiro Kawakami, peuvent laisser craindre une potentielle escalade, avec une hausse probable des manœuvres de guerre hybride dans les prochaines semaines, bien que le risque d’une confrontation militaire demeure pour l’heure peu probable.