RNS 2025 ou la guerre comme nouvel horizon

Ce matin a été publiée la nouvelle actualisation de la posture stratégique française. Russie, Europe, dissuasion nucléaire… : voilà tout ce qu’il faut en retenir

Article publié le Jul 14, 2025
Sebastien Masson
Deuxième année à Sciences Po Strasbourg
Pour citer ce baratin :
Sebastien Masson,"RNS 2025 ou la guerre comme nouvel horizon", [en ligne] BARA think tank, Jul 14, 2025, "https://www.bara-think-tank.com/baratin/rns-2025-ou-la-guerre-comme-nouvel-horizon"

C’est quoi une RNS?

Une revue nationale stratégique est une actualisation de la posture française prenant en considération l’évolution de l’environnement stratégique international. Elles s’inscrivent dans la lignée des livres blancs, et celle de 2025 fait suite à celle de 2022. 

Le RNS s’intéressent d’abord aux menaces et défis qui se posent à la France avant de définir plusieurs objectifs stratégiques en conséquence. La RNS 2025 apporte toutefois une nouveauté en ajoutant une troisième partie portant sur les voies et moyens pour accomplir ces objectifs. 

La Russie, menace structurante

Intéressons-nous d’abord aux défis. La Russie est affichée comme la principale menace à laquelle fait face la France, une menace structurante. Il n’est plus seulement question de compétition, de confrontation, mais bel et bien d’un affrontement ouvert. 

Parce que la Russie traite la France et l’Europe en ennemies, la RNS fait état de l’hypothèse d’une nouvelle agression russe d’ici 3 à 5 ans contre l’Europe. C’est la principale nouveauté de cette RNS : la guerre n’est plus qu’une éventualité, elle se mue en une réalité hybride. 

Un contexte stratégique dégradé

La RNS fait état de deux autres menaces étatiques avérées ou potentielles : l’Iran et la Chine. À cela s’ajoutent également la dénonciation grandissante des traités multilatéraux ou le développement d’arsenaux nucléaires comme celui de la Corée du Nord. 

De manière plus générale, la RNS veut adapter la posture de la France à la hausse du nombre et de l’intensité des conflits, des menaces à la sécurité interne en matière de terrorisme, de crime organisé… 

Les États-Unis, de l’exemplarité à la fiabilité

Une autre évolution significative se situe dans le rapport aux États-Unis. La solidarité transatlantique est mise à rude épreuve par le retour de Trump et de sa logique transactionnelle. La France ne veut désormais plus être un allié “exemplaire” mais “fiable”.

Là encore, la RNS de 2025 va plus loin que celle de 2022, et prend note des divergences avec les États-Unis. Cela fait notamment suite au discours de Munich de JD Vance. En revanche, l’Otan reste la “seule organisation crédible” pour assurer la défense du continent. 

Un avenir résolument européen. 

Face à ces défis, l’avenir de la France se doit d’être résolument européen. La France veut contribuer à la défense de l’Europe, y compris par sa dissuasion nucléaire. En revanche, la RNS affirme que la France n’augmentera pas son nombre de têtes nucléaires.

La RNS met aussi l’accent sur les projets européens communs : ELSA, SCAF, MGCS… Chose plus rare, elle parle de “choisir des champions européens” dans la BITD. On peut y voir une idée sous-jacente de spécialisation en fonction des industries nationales. 

La nation en armes

L’un des autres points de cette RNS, c’est la capacité de résilience morale de la France. Il faut que la nation soit en armes, véritable “réarmement moral”. Cela passe notamment par la multiplication des réserves pour accroître les liens entre la société civile et l’armée.

De manière conjointe, l’objectif stratégique militaire de la France a également évolué : on est passé d’une recherche de la “liberté d’action” à celle d’une “capacité d’emporter la décision”. Le doublement du budget de défense à horizon 2027 et non plus 2030 doit servir cet objectif. 

Afficher les sources

RNS 2022, Ministère des Armées,

RNS 2025, Ministère des Armées