Quel est le bilan du 1er trimestre 2025 pour la Russie?

Alors que la Russie continue de soutenir un effort de guerre important, ses gains territoriaux ont subi une baisse conséquente.

Article publié le Apr 30, 2025
Sebastien Masson
Deuxième année à Sciences Po Strasbourg
Pour citer ce baratin :
Sebastien Masson,"Quel est le bilan du 1er trimestre 2025 pour la Russie?", [en ligne] BARA think tank, Apr 30, 2025, "https://www.bara-think-tank.com/baratin/quel-est-le-bilan-du-1er-trimestre-2025-pour-la-russie"

Des progrès dispersés

Parlons chiffres. Au 1er trimestre 2025, la Russie a conquis 1130 km2. Sur ces 1130 km2, un peu moins de 700 km2 se situent au sein même de l’Ukraine, le reste des conquêtes concernant plutôt la reconquête des possessions ukrainiennes à Koursk.

Donc 40% des progrès territoriaux russes se situent dans l’oblast de Koursk tandis que près de 50% des progrès russes ont eu lieu dans l’oblast de Donetsk. Les oblasts de Kharkiv et Zaporijia ne représentent que 10% des gains russes. 

Une progression territoriale en large baisse…

Qu’en est-il par rapport aux périodes précédentes? Et bien les progrès russes ont énormément ralenti. Les Russes ont gagné 60% de territoire en moins comparé au dernier trimestre de 2024. Si l’on regarde uniquement Donetsk, le chiffre monte à 70%.

Or, 70%, c’est également la part de Donetsk dans le total des assauts russes. Traduction : Bien que la Russie concentre 70% de ses efforts offensifs sur Donetsk, ses progrès territoriaux y ont chuté de 70% entre le 3e trimestre de 2024 et le 1er de 2025.

Pour un effort toujours soutenu. 

Cela étant dit, il faut s’intéresser à l’intensité de l’effort russe plutôt qu’à sa distribution. Traduction : est-ce que cette baisse des progrès russes s’explique par une baisse des efforts russes? 

Là est peut-être le plus grand signe de résilience de la part des Ukrainiens : non, les efforts russes n’ont pas drastiquement baissé au 1er Trimestre 2025. Prenons deux indicateurs : le nombre d’assauts et le nombre de victimes russes.

Nombre d’assauts, de victimes et de frappes FPV

Le nombre total d’assauts russes entre le 3e trimestre 2024 et le 1er trimestre 2025 n’a baissé que de 23% et le nombre de victimes russes totales n’a baissé que de 12%. Le nombre de victimes russes par assaut a ainsi augmenté, passant de 8 à 9.

Encore pire : si l’on s’intéresse à d’autres indicateurs, comme le nombre de drones FPV utilisés, on observe une hausse sur la période, donc une intensification de l’effort russe. 

Quelles conclusions tirer de ces chiffres? En réalité, on observe un retour à la moyenne du 2e trimestre 2024 sur la plupart des indicateurs précédemment mentionnés. Pour mieux comprendre les dynamiques actuelles, il faut donc observer d’autres variables. 

Un ratio de frappe défavorable à l’Ukraine

Intéressons-nous désormais au strike ratio qui mesure le rapport de frappes (artillerie, MLRS…) entre les 2 belligérants. De 30 à la fin 2024 il est aujourd’hui à 12. Traduction : Avant, une frappe ukrainienne équivalait à 30 frappes russes, aujourd’hui 12. 

Le déséquilibre est énorme,  et, de ce point de vue, Russie comme Ukraine s’appuient sur des États étrangers pour maintenir leur rythme. On estime ainsi que la Corée du Nord fournirait plus de 200 000 obus par MOIS à la Russie (la France c’est 60 000 sur toute la guerre). 

Des véhicules civils toujours plus nombreux côté russe 

Autre dynamique très intéressante : le nombre de véhicules civils employés sur le front côté russe. On voit  sur ce graphique que leur nombre a presque doublé en 2025 (Graphique et données par @ragnarbjartur sur X)

Cette dernière tendance est particulièrement révélatrice de l’état actuel de l’armée russe : elle veut continuer de soutenir un effort offensif conséquent avec des moyens qui sont pourtant dégradés et qui continuent de faire de nombreuses victimes dans ces rangs. 

Concluons sur ce chiffre : le nombre de morts russes prouvés a récemment dépassé les 100 000. Toutes catégories confondues, on approcherait le million de victimes pour la Russie à l’horizon du mois de juin, symbole du mépris russe pour la vie humaine, ukrainienne ou russe. 

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