Une politique Jacksonienne et un nationalisme exacerbé

Sur le fond, il n’y a pas de grande surprise dans l’ensemble du document. L’administration Trump y réaffirme une “prédisposition au non-interventionnisme” dans une perspective jacksonienne, c’est-à-dire soumis à une appréciation restreinte des intérêts américains. 

Sur la forme toutefois, il est bon de noter que le document est précédé d’une lettre signée par Trump et qu’il s’adresse directement au peuple américain. Le document va même plus loin en employant régulièrement le “Nous” et en faisant maintes fois appel au “patriotisme américain”.

L’immigration et la lutte contre le trafic

L’administration Trump y aborde plusieurs thématiques identifiées comme prioritaires, parmi lesquelles l’immigration et la lutte contre le trafic. Il est bon de noter que le document prend texto la xénophobie trumpienne en parlant d “invasion” ou “d’immigration massive”.

La stratégie de sécurité nationale parle à ce titre de renforcement des moyens concernant la protection des côtes. Cela va évidemment de pair avec la poursuite des frappes sur des embarcations susceptibles de transporter de la drogue dans les Caraïbes. 

Gagner sans directement confronter

Autre priorité réaffirmée par cette nouvelle stratégie de sécurité : l’Asie et la Chine. Les États-Unis veulent à tout prix éviter une guerre dans l’Indopacifique qui menacerait leurs intérêts économiques dans la région et la liberté de navigation. 

Pour ce faire, le document évoque le renforcement des partenariats américains dans la région et perçoit notamment New Delhi comme un acteur prioritaire pour développer des liens commerciaux. La dissuasion de tout conflit autour de Taïwan est également une priorité. 

L’Europe, une civilisation en perdition?

Là où la nouvelle stratégie de sécurité est la plus percutante, c’est au sujet de l’Europe. Le document parle d’érosion de la civilisation européenne et voit en la faiblesse de l’Europe à l’égard de la Russie une perte de confiance propre dans une perspective quasi-masculiniste. 

Outre le Burden-Sharing et autres classiques de la politique américaine, on peut également constater un durcissement de la posture américaine quant aux démocraties européennes. Changement amorcé par le discours de J.D Vance à Munich, attardons nous sur ce point. 

L’administration Trump critique l’érosion de la liberté d’expression dans une perspective libertarienne, et évoque même de possibles actions d’ingérence pour “cultiver la résistance à l'actuelle trajectoire de l'Europe au sein des nations européennes”…

Le retour de l’Amérique Latine 

Outre cela, le document remobilise la doctrine Monroe, illustrant la volonté américaine d’également se recentrer sur ce qu’elle considère comme son pré-carré : l’Amérique Latine. Pour cela elle ajoute un “corollaire Trumpien” autour du duo mobilisation - expansion.

Mobilisation tout d’abord d’acteurs étatiques dans l’objectif de contrôler les flux migratoires, de trafic en priorisant une diplomatie commerciale. Expansion ensuite en établissant des points de développement et en luttant contre des acteurs “extra-hémisphériques”.

L’affirmation des enjeux identitaires

Enfin, dans la continuité du discours de P. Hegseth en septembre dernier, la stratégie de sécurité insiste sur l’arrêt des programmes de discrimination positive (Diversité, équité et inclusion) et sur le retour d’une “méritocratie” anti-woke. 

En lisant ces 33 pages, on ne peut que constater la personnification et la providentialisation de la figure de Trump, dont l’omniscience et l’intelligence sont célébrés tout au long du document, perspective inquiétante quand on la rapproche de la question du 3e mandat trumpien.