La Haye : l’OTAN au rythme de Trump

Le sommet de l’OTAN s’est tenu les 24 et 25 juin 2025 à La Haye, dans un climat géopolitique sous tensions.

Article publié le Jun 30, 2025
Maéva Noé
Deuxième année à Sciences Po Strasbourg
Pour citer ce baratin :
Maéva Noé,"La Haye : l’OTAN au rythme de Trump", [en ligne] BARA think tank, Jun 30, 2025, "https://www.bara-think-tank.com/baratin/la-haye-lotan-au-rythme-de-trump"

Trump impose ses exigences budgétaires

Lors du sommet, Donald Trump a exigé une hausse à 5 % du PIB pour les budgets défense. Cette demande, jugée « quasi exorbitante », a été acceptée par la majorité des membres, soucieux d’éviter une crise ouverte avec un allié américain redevenu imprévisible.

Ce deal est une victoire diplomatique pour Trump, qui impose une vision transactionnelle des relations internationales. Les Européens, désunis et sous pression, ont cédé, bien que l’Espagne dénonce une charge incompatible avec son modèle social.

Un soutien américain plus affirmé… mais ambigu

L’article 5, fondement de la solidarité au sein de l’OTAN, a été réaffirmé, mais Donald Trump reste volontairement flou sur son application. Cette ambiguïté stratégique fragilise la confiance que les Européens peuvent avoir en la protection américaine.

Même si la déclaration commune insiste sur l’« engagement inébranlable » des alliés, les doutes persistent sur la réelle volonté des États-Unis de réagir rapidement à une agression. L’Europe pourrait devoir compter davantage sur ses propres capacités.

Un soutien affiché mais un engagement limité

Donald Trump a rencontré Volodymyr Zelensky à La Haye et promis une discussion « constructive ». Mais la déclaration finale, très édulcorée, reflète sa réticence à pointer la Russie comme principale menace sécuritaire pour l’Europe.

Les Européens ont insisté sur le soutien durable à Kyiv, mais Trump semble privilégier une issue rapide au conflit. Pendant ce temps, les bombardements russes se poursuivent, dans un silence médiatique relativement éclipsé par la guerre au Proche-Orient.

Une réelle opportunité stratégique pour l’Europe ?

L’engagement des 5 % du PIB pourrait permettre à l’Union européenne de franchir un seuil historique pour construire sa propre défense. Des projets comme le plan SAFE illustrent cette volonté de mutualiser les investissements stratégiques.

Mais les questions de financement, de gouvernance et d’adhésion populaire demeurent. Sans instruments politiques solides ni consensus industriel, le risque est grand de voir les efforts européens dilués dans des achats d’équipements américains.

Une instrumentalisation politique du sommet

Le sommet a été mis en scène comme un spectacle politique par Donald Trump. Le ton des discussions, les flatteries du secrétaire général Mark Rutte, et la mise en avant de la « victoire » américaine ont renforcé son image d’homme fort auprès de ses électeurs.

La Haye devient ainsi une vitrine électorale pour Trump. En imposant son agenda et son rythme, il s’est posé en maître du jeu atlantique, tout en réduisant les Européens à un rôle secondaire, voire complaisant face à ses exigences.

L’alliance transatlantique sous tension commerciale

Emmanuel Macron a dénoncé l’hypocrisie d’un soutien militaire exigé tout en menant une guerre commerciale contre ses propres alliés. Trump prévoit des hausses de droits de douane qui fragilisent la solidarité transatlantique pourtant nécessaire.

L’unité militaire ne peut se construire sans cohérence économique. Une alliance fondée sur des menaces tarifaires mutuelles sape la confiance entre partenaires. Macron appelle à une « paix du commerce » pour restaurer une alliance véritablement équitable.

En France, un effort colossal et peu débattu

Porter le budget de défense à 5 % du PIB d’ici 2035 représenterait plus de 170 milliards d’euros par an, soit un doublement du niveau actuel. Pourtant, cette trajectoire n’a pas été discutée publiquement ni débattue au Parlement.

Le financement de cette ambition reste flou : hausse des impôts, dette, coupes budgétaires ? Plusieurs experts alertent sur le risque d’un choc social ou fiscal. Dans une France politiquement instable, la stratégie de réarmement divise, mais reste taboue.

Afficher les sources

AFP. (2025, 25 juin). Sommet de l’Otan : Donald Trump crie victoire tandis que les Européens promettent de payer plus. La Croix.

Courrier international. (2025, 25 juin). “Nous leur ferons payer le double” : au sommet de l’Otan, Trump menace l’Espagne.

Haynes, M., avec AFP. (2025, 25 juin). Au sommet de l’OTAN, l’appel de pied de Macron à Trump pour faire cesser sa guerre commerciale. Le HuffPost. 

Laurent, C. (2025, 26 juin). Hausse du budget de la Défense : quelles conséquences pour la France ? 

Verdes, J. (2025, 26 juin). Sommet de l’Otan : en approuvant une hausse des dépenses militaires, l'Europe franchit un seuil stratégique. Toute l’Europe.