Gaza : quand la guerre tue le journalisme

Le conflit Israël-Hamas se double d’un affrontement médiatique qui brouille l’accès aux faits et cible les journalistes.

Article publié le May 02, 2025
Maéva Noé
Deuxième année à Sciences Po Strasbourg
Pour citer ce baratin :
Maéva Noé,"Gaza : quand la guerre tue le journalisme", [en ligne] BARA think tank, May 02, 2025, "https://www.bara-think-tank.com/baratin/gaza-quand-la-guerre-tue-le-journalisme"

Les journalistes, cibles du conflit

Depuis octobre 2023, 209 journalistes ont été tués à Gaza, selon le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH). Certains l’ont été chez eux, d'autres en reportage, parfois malgré leur gilet PRESSE. Une attaque symbolique contre la liberté d’informer.

Philippe Lazzarini (UNRWA) souligne que les journalistes palestiniens sont "héroïques", mais demande l’accès des médias étrangers à Gaza. La réalité du terrain est ainsi rapportée par des témoins directement menacés, sans relais international indépendant.

Un blocus de l’information organisé

Israël empêche les journalistes étrangers d’entrer dans Gaza. La Maison de la presse a été détruite, et Bilal Jadallah, fondateur de l’agence, a été tué alors qu’il empruntait une voie sécurisée. Les attaques touchent aussi l’AFP et Reuters.

Les journaux parlent d’une "guerre contre la liberté d’informer". L’exclusion des caméras internationales favorise l’impunité. Ce blocus de l’information, accepté sans protestation claire par les alliés occidentaux, choque les défenseurs des droits.

Les réseaux sociaux, outils de propagande

Le Hamas a diffusé les attaques du 7 octobre sur Telegram, avec des images d'exactions. Tsahal a repris ces vidéos pour montrer l’"horreur" de l’ennemi. Chaque camp instrumentalise l’émotion pour renforcer son narratif et justifier ses actions.

Israël achète même des encarts publicitaires sur YouTube, y compris dans des jeux pour enfants, pour diffuser son point de vue. Ces actions soulèvent des critiques, notamment sur le caractère intrusif de cette propagande dans l’espace numérique global.

L’infox, instrument de confusion

Une vidéo montrant des enfants en cage, censée prouver des enlèvements israéliens par le Hamas, s’est révélée avoir été tournée quatre jours avant le 7 octobre. C’est un exemple typique de désinformation émotionnelle, difficilement vérifiable.

Des faux communiqués attribués à la Maison-Blanche ou à l’ONU circulent en ligne. Dans cette jungle d’informations, il devient impossible pour les citoyens non experts de démêler le vrai du faux, ce qui affaiblit les démocraties.

Des récits qui polarisent les opinions

En France, le débat est influencé par la forte présence des communautés juive et musulmane. Chaque camp diffuse un "narratif" émotionnel, utilisant la souffrance comme argument, notamment via les réseaux sociaux et les médias communautaires.

L’explosion d’un hôpital à Gaza en octobre 2023 a été attribuée, selon les sources, soit à une frappe israélienne soit à une roquette mal tirée par le Jihad islamique. L’ambiguïté a provoqué des manifestations dans le monde arabe contre Israël.

Une démocratie menacée par la désinformation

En juin 2024, Le Monde révèle une stratégie israélienne systématique pour viser les journalistes. Shireen Abu Akleh, reporter d’Al-Jazira, a été tuée par un soldat israélien, malgré son gilet. Aucune poursuite n’a été engagée.

L’UE a ouvert une enquête contre Meta et TikTok pour leur incapacité à modérer les fausses informations. Pendant ce temps, les États démocratiques échouent à imposer un cadre clair pour défendre la liberté d’informer. Une faiblesse stratégique majeure.

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