Une opération d’une ampleur inédite

Après une rupture du cessez-le-feu au cours du mois de mars puis une intensification de l’activité militaire dans la zone tampon, Israël a lancé plusieurs offensives dimanche. Au total ce sont 5 brigades qui sont déployées, soit plus ou moins 25 000 hommes. 

Les objectifs de cette opération sont encore assez flous. Certaines sources mentionnent la déportation massive des civils vers des “zones humanitaires” au sud de l’enclave dans Rafah. Beaucoup parlent même d’une occupation totale de l’enclave. 

Une contexte humanitaire dramatique 

Israël a affirmé vouloir distribuer de la nourriture pour éviter “une crise alimentaire” alors que les civils sont privés d’aide depuis plus de 80 jours. Human Rights Watch expliquait en novembre dernier que les actions israéliennes correspondaient à la définition du nettoyage ethnique.  

Les conditions à Gaza sont dramatiques : les villes sont rasées et les gazaouïs sont bloqués puisque les points de passage vers l’Égypte ou Israël sont bloqués. Il y aurait eu 53 000 morts selon le Ministère de la Santé de Gaza, qui est néanmoins administré par le Hamas. 

Le risque de crimes contre l’humanité

Les déclarations de plusieurs ministres israéliens dont Smotrich, ministre de la Défense, appuient ces craintes. Il a notamment parlé “ d’émigration volontaire” et d’une conquête totale de la bande de Gaza. 

Chose significative, Smotrich évoque désormais le fait que la libération des otages “n’est plus l’objectif le plus important” des opérations israéliennes. Pour rappel, environ 1180 personnes sont mortes pendant les attaques du 7 octobre. 58 otages israéliens sont encore captifs. 

Une rhétorique escalatoire

Le seul pays pouvant vraiment influencer la position israélienne, ce sont les États-Unis. Or, Trump marque ses distances avec la politique israélienne : il négocie avec les Houthis et l’Iran là où Netanyahou est favorable à une ligne ferme et une politique musclée. 

À l’inverse, sur un plan interne, les partis d’extrême-droite menacent de retirer leur soutien à Netanyahou si ce dernier venait à négocier avec le Hamas. On est donc en présence d’une logique escalatoire qui conduit logiquement à des opérations militaires d’ampleur.

Les derniers développements de l’opération

De ce que l’on en sait pour l’instant, l’opération semble concentrer ses efforts dans la zone de Khan Younès. Plusieurs manifestations ont éclaté dans cette même ville. 

Un premier convoi d’aide humanitaire a pu transiter depuis le passage de Kerem Shalom. Pour rappel, ce sont plus de 2 millions de personnes qui sont contraintes de rester dans la bande de Gaza.

Que dit le droit international?

Concluons par quelques éléments de droit international. Netanyahou est actuellement poursuivi pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre par la Cour Pénale Internationale, celle-ci évoque : “une attaque généralisée et systématique contre la population civile de Gaza.”

La France quant à elle parle de “drame humanitaire horrible” et qualifie la politique d’Israël d'inacceptable. Elle affirme également le droit de l’État hébreu à se défendre.