Une remarque anecdotique ? 

Ce mercredi 21 mai 2025 le ministre japonais de l’agriculture Taku Eto ironise sur le fait qu’il n’achète pas de riz car il en reçoit toujours trop de la part de ces soutiens. Il est immédiatement critiqué par l’opposition pour cette remarque « inappropriée ».

Pour les Japonais qui subissent une grave crise inflationniste, la remarque n’a pas fait sourire. La montée des prix de l’ingrédient de base du pays touche toute la population et n’est pas sujet à plaisanterie. Le ministre a démissionné presque immédiatement.

Une situation économique difficile

Depuis près de 3 ans, l’économie japonaise connait une inflation supérieure à son objectif de 2% (3,2% en janvier dernier par exemple). Les salaires n’ont eux pas suivis et l’on note une baisse du pouvoir d’achat de 1,8% en janvier par rapport 2024.

Cette difficulté économique se ressent particulièrement dans le prix d’achat du riz qui a presque doublé en l’espace d’un an, passant d’environ 2500 yens les 5 kilos à plus de 4150 yens, soit une hausse du prix de près de 75%. 

Des solutions insuffisantes 

Pour répondre à ce problème, le gouvernement japonais a puisé dans ses stocks personnels pour tenter de faire baisser les prix. Les stocks normalement réservés aux catastrophes naturelles ont donc été partiellement utilisés pour réguler le marché.

Près de 600 000 tonnes de riz entrent donc sur le marché depuis mars et jusqu’en juillet. Jusqu’à présent le prix du riz n’a diminué que faiblement, d’environ quelques dizaines de yens pour les 5 kilos. L’efficacité de cette mesure reste donc encore à prouver.

Une ouverture internationale historique 

Pour continuer les efforts entrepris, le gouvernement japonais a décidé en avril dernier d’importer du riz depuis la Corée du Sud. De même, du riz environ 10% moins cher de provenance américaine peut être trouvé dans les rayons des supermarchés nippons.

Cette ouverture est historique et montre bien l’ampleur du problème pour la société japonaise. Il s’agit de la première fois en 25 ans que le Japon importe du riz sur son territoire. Cette importation relève de l’échec pour le gouvernement en place.

Un gouvernement sous pression 

Cette remarque du ministre de l’agriculture a mené à sa démission presque immédiate et à des excuses publiques. Plus généralement, cette affaire illustre le manque de popularité du gouvernement en place.

Le Parti libéral-démocrate et son gouvernement ont une côte de popularité au plus bas avec un taux d’approbation d’environ 27%, et près de 85% de la population qui réprouve la gestion de la crise par le gouvernement.

Un précédent historique et les leçons à en tirer 

En 1918, une forte hausse des prix du riz entraine des émeutes dans l’ensemble du pays. Cela mène à la chute du gouvernement et pousse l’Etat à réguler de lui même les cours du riz pour en stabiliser le prix et limiter l’inflation qui touche la population.

Il est difficile aujourd’hui de savoir si la montée des prix du riz peut mener à une chute du gouvernement, les conséquences directes étant moins graves. Cependant, la symbolique de l’échec du gouvernement sur la question pourrait mener à sa chute.