Une hostilité à la politique de Trump 

Ces manifestations ont éclaté en Californie, et plus particulièrement à Los Angeles, vendredi 6 juin. Les manifestants souhaitent dénoncer la politique anti-immigration de Trump, et en particulier les expulsions des immigrants.

Celles-ci sont menées par la Police fédérale de l’immigration, l’ICE. Elle est notamment réputée pour sa manière d’agir et ses conditions de détention, qualifiées d’”inhumaines” par plusieurs Organisations non-gouvernementales. 

Une réponse par la force contestée

Afin de ramener le calme et de lutter contre les “ennemis intérieurs”, que sont les migrants selon Trump, celui-ci décide d’employer la force. Il a annoncé déployer 4000 membres de la garde nationale, une force militaire de réserve, et 700 marines. 

Toutefois, cette intervention est vivement critiquée par le gouverneur de la Californie et démocrate Gavin Newsom. Ce dernier a lancé une procédure judiciaire à l’encontre de ces décisions et dénonce l’illégalité des mesures de Trump. 

Une amérique plus que jamais divisée

À plusieurs reprises dans l’histoire des États-Unis, la force a été utilisée pour réprimer des manifestations dans des contextes similaires à aujourd’hui. En 1992 par exemple, Bush réprime les soulèvements dans les quartiers noirs avec la garde nationale. 

Toutefois, il est nécessaire de comprendre la spécificité du contexte actuel. L’Amérique est plus que jamais divisée entre “rouges” et “bleus” mais pas seulement : des décennies de polarisation sur des sujets identitaires tel l’immigration ont conduit à de profondes fractures. 

Un stress-test du côté de Trump?

À plusieurs reprises, Trump a fait des déclarations très anti-démocratiques pendant sa campagne, notamment sur le fait que les Américains “n’auraient plus à voter”. Ainsi, cette escalade militaire est peut-être surtout une manière pour Trump de tester les limites. 

Par ailleurs, les manifestations se sont propagées dans les villes, véritables bastions démocrates. Or, Trump ne mentionne pas spécifiquement Los Angeles dans l’ordre de mobilisation de la garde nationale. Une extension géographique des tensions est donc probable.

Une légalité largement contestable

La situation actuelle dépasse le cadre des manifestations. Juridiquement, le supérieur hiérarchique de la Garde Nationale californienne n’est pas Trump mais Newsom. On observe donc une véritable remise en cause de la séparation des pouvoirs aux États-Unis. 

De même, Trump a évoqué la possibilité d’un recours à l’Insurrection Act. Ce dernier donne une large latitude au Président américain pour agir en cas d’insurrection dans un État membre. Cet acte doit toutefois être approuvé par le Congrès. 

L’avenir de l’État de droit en suspens

Ainsi, il n’est pas seulement question ici de la répression de manifestations mais de l’avenir de l’État de droit dans les États-Unis. La campagne de Trump a montré un véritable mépris à son égard, en proposant par exemple d’effectuer un 3e mandat.

Trump cherche à accaparer les pouvoirs de la démocratie américaine tout en surfant sur un culte de la personnalité dangereux. En témoigne le défilé militaire du 14 juin prochain, jour de son anniversaire.