Lecornu gouverne sans majorité stable

Le Premier ministre Lecornu doit composer avec une majorité relative, sans assise solide à l’Assemblée. Il doit ménager des alliances fluctuantes face à la fragmentation politique issue des élections de 2024.

Cette configuration l’oblige à des concessions constantes, comme la suspension de la réforme des retraites, pour éviter des votes fatals.

Le rôle pivot du PS et les frondeurs

Le Parti socialiste avait donné consigne de ne pas voter la censure, mais quelques représentants ont défié cette discipline, fragilisant la stratégie du gouvernement.

Ce calcul ambigu du PS lui confère un rôle d’arbitre : sa non-adhésion à la censure a permis le maintien du gouvernement, mais sans l’engagement total.

L’arbitrage stratégique de la réforme des retraites

Lecornu a proposé de suspendre la réforme des retraites (passage de 62 à 64 ans) jusqu’à 2027 pour désamorcer l’hostilité des députés socialistes et diviser l’opposition.

Cette manœuvre, coûteuse (≈ 4 milliards d’euros en 2026), cherche à préserver une fragile unité parlementaire sans casser le compromis.

Vote serré, le signe d’une crise persistante

La première motion de censure proposée par LFI a recueilli 271 voix, soit 18 voix de moins que le seuil requis de 289, illustrant à quel point l’équilibre du pouvoir est précaire.

La seconde motion portée par le RN n’a obtenu que 144 voix, confirmant que la gauche modérée joue un rôle décisif dans le maintien du gouvernement.

« Le gouvernement n’a pas peur du peuple »

Au cours des débats, Lecornu a assuré que son gouvernement ne craignait pas le peuple, se réclamant d’une légitimité démocratique alors que l’opposition le suspecte d’esquiver le vote populaire.

Ses adversaires dénoncent une gouvernance trop technocratique : Clémence Guetté (LFI) a vertement critiqué l’examen du budget comme un verrouillage démocratique.

Le budget au coeur du prochain débats

Lecornu doit désormais faire passer un projet de budget exigeant (réductions de déficits, coupes financières) dans un hémicycle fracturé.

S’il échouait, la censure provoquerait la chute du gouvernement ou même la dissolution de l’Assemblée, ouvrant la voie à des élections anticipées.