En pleine tournée asiatique, l'Elysée veut faire de la France une puissance majeure dans la région. En a-t-elle les moyens?
L’ASEAN regroupe 10 États (682 millions d’habitants, 3 900 Md$ de PIB cumulé). C’est la 5e économie mondiale. Sa situation géographique en fait un nœud des flux maritimes (mer de Chine, détroit de Malacca) et un enjeu central de la rivalité sino-américaine.
C’est également une des régions les plus dynamiques du monde. Le Vietnam connaît une croissance de +6,2 % par an ; l’Indonésie, 5 %. Singapour est le deuxième hub financier d’Asie. Ces États jouent un rôle clef dans les chaînes de valeur mondiales et les équilibres régionaux.
Afin de consolider l’influence de la France, celle-ci signe avec Singapour un Comprehensive Strategic Partnership. Il inclut des coopérations dans différents domaines : nucléaire civil, cybersécurité, quantique, spatial…
En Indonésie, EDF et Total participent à des projets décarbonés liés à l’ASEAN Power Grid. Temasek, fonds souverain de Singapour (300 Md$), a ouvert un bureau en France. Les flux commerciaux France-ASEAN restent modestes : 34 Md€ en 2023.
Cependant, la Chine est le 1er partenaire commercial de tous les pays de l’ASEAN avec 800 Md$ d’échanges en 2022. Macron défend une stratégie d’équilibre : respecter le droit international et la souveraineté des États sans aller jusqu’à la confrontation directe avec Pékin.
Cette dernière revendique environ 90% de la mer de Chine du sud. Là encore, la France soutient la liberté de navigation, mais sans alignement sur la logique d’endiguement américaine (AUKUS, Quad). Elle cherche à incarner une « troisième voie », mais avec quels moyens ?
La France ne représente en effet qu’1,6 % du commerce extérieur de l’ASEAN. Elle mise sur des partenariats ciblés : IA, aéronautique (Airbus vend 100 appareils à l’Indonésie en 2023), nucléaire (Framatome), agroalimentaire et enseignement supérieur.
Mais les flux restent faibles comparés aux géants : Chine (800 Md$), États-Unis (500 Md$), Japon (230 Md$). La stratégie française repose sur la qualité et la durée plus que sur le volume. Reste à voir si cette offre différenciée est compétitive à long terme.
Malgré l’affirmation depuis 2017 d’une autonomie stratégique européenne, dans l’Indo-Pacifique, la France est souvent seule. L’UE, en tant qu’acteur, reste peu audible hors du commerce. Le Global Gateway européen demeure en deçà de la BRI chinoise.
8 000 soldats français sont présents dans la région (Polynésie, Réunion, bases navales), mais la capacité de projection française est limitée. La crédibilité passe davantage par des coopérations souples et continues que par la puissance classique.
Singapour reste l’exemple le plus abouti d’un partenariat France-ASEAN. Le dialogue stratégique inclut la défense, l'innovation, l'économie et la culture. C’est aussi un pays pragmatique, qui coopère avec Pékin, Washington et Paris sans exclusivité.
Macron y voit un laboratoire de la « voie française » : ni alignement ni isolement, mais une influence mesurée. Ce modèle est prometteur mais difficilement transposable : tous les pays n’ont pas la même stabilité, autonomie ou ouverture que Singapour.
L’Asie du Sud-Est est une région d’avenir, mais aussi un théâtre de rivalités intenses. La France n’y impose pas une puissance, mais une méthode. Pour que cette troisième voie soit audible, elle devra s’inscrire dans une continuité, s’européaniser, et se montrer aussi pragmatique que ses partenaires.
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