Dette publique : un virage nécessaire ou risqué ?

Le Gouvernement lance un plan de 43,8 milliards d’économies pour stopper l’endettement et relancer la production.

Article publié le Jul 18, 2025
Maéva Noé
Deuxième année à Sciences Po Strasbourg
Pour citer ce baratin :
Maéva Noé,"Dette publique : un virage nécessaire ou risqué ?", [en ligne] BARA think tank, Jul 18, 2025, "https://www.bara-think-tank.com/baratin/dette-publique-un-virage-necessaire-ou-risque"

Une planification budgétaire stricte

La stratégie repose sur un effort massif de réduction des dépenses sans augmenter les impôts, avec un déficit ciblé à 3% du PIB. Ce plan inédit hors crise, vise un retour à l'équilibre et à une crédibilité budgétaire en réduisant le coût de la dette d’ici 2029.

Plusieurs économistes redoutent un effet récessif. La consommation, déjà affaiblie, pourrait encore chuter, menaçant un moteur représentant la moitié du PIB, alors que la croissance mondiale est impactée par les tensions commerciales et la baisse de la demande.

L’année blanche : une mesure choc ?

En 2026, pensions, prestations sociales et salaires publics seront gelés. Généralisé et couplé à l’absence de revalorisation du barème fiscal, cela est présenté comme une mesure temporaire équitable. Le Gouvernement mise sur un soutien à l’euro près.

L’OFCE prévoit une perte de revenu disponible de 1 % pour les plus modestes, contre seulement 0,3 % pour les plus riches. Les syndicats parlent d’« année noire » et dénoncent une mesure socialement injuste, inégale et potentiellement explosive à la rentrée.

Un effort collectif pour plus de justice sociale ?

Le plan renforce la lutte contre les fraudes. Il s’appuie sur des réformes de niches fiscales et crée une contribution de solidarité pour les hauts revenus. L’abattement de 10% pour les retraités sera remplacé par un forfait censé protéger les petites pensions.

Mais les plus riches ne sont pas significativement plus sollicités. Les économistes soulignent l’absence de fiscalité sur les patrimoines. De plus, les 2,3 milliards escomptés de la lutte contre la fraude pourraient être surestimés dans un délai aussi court.

Relancer la production nationale

Parmi les mesures annoncées : la suppression de deux jours fériés, la création d’une allocation sociale unifiée, et la renégociation de l’assurance chômage pour en durcir l’accès. L’exécutif affirme vouloir « donner la priorité au travail ».

Le second volet vise à accroître le temps de travail et à alléger les charges, sur une logique de travailler plus pour gagner plus. Mais cette priorité divise fortement. La suppression de jours fériés est jugée symboliquement brutale. 


La CFDT et la CGT y voient un transfert direct du coût de l’ajustement sur les salariés. En parallèle, certains économistes estiment que ces mesures pourraient échouer à relancer la production s’il y a récession.

Entreprises, grandes gagnantes de ces mesures ?

Un projet de loi dès l’automne vise à alléger les procédures, avec un usage accru des ordonnances pour les entreprises. Le Gouvernement mise sur une hausse de l’activité via un environnement plus favorable à l’investissement et à l’emploi.

Les baisses de subventions ne sont pas encore précisées, et les contreparties environnementales ou sociales restent floues. Mais l’impact des coupes sur les dépenses publiques pourrait affecter les investissements d’avenir comme la transition énergétique.

Afficher les sources

Gouvernement français. (2025, 15 juillet). Le moment de vérité – Dossier de presse. Service de presse de Matignon.

Ané, C., Bissuel, B., & Métais, T. (2025, 17 juillet). Le premier ministre veut accorder la « priorité au travail ». Le Monde.

Madeline, B. (2025, 17 juillet). Le risque d’un choc récessif en France. Le Monde.