1. Module unique en France

En septembre 2025, l’académie de Corse impose un module obligatoire de 16 h intégré à l’EMC et à l’histoire-géographie. Ciblant les élèves de la 4e à la Terminale, il veut enrayer les logiques criminelles en travaillant sur prévention et citoyenneté.

L’Assemblée de Corse a voté ce dispositif à l’unanimité, un fait rare qui illustre la gravité du problème. Fruit d’une coopération entre rectorat et collectifs, ce programme traduit la volonté de l’île d’affronter frontalement la question mafieuse.

2. La Corse, une violence mortelle notable

En 2024, la Corse a comptabilisé 18 homicides et 16 tentatives pour 355 000 habitants. Ce taux, l’un des plus élevés de France, témoigne d’un climat d’insécurité où règlements de comptes et violence criminelle rythment la vie insulaire.

Dans un tel contexte, les adolescents sont exposés à la banalisation de la violence et aux modèles d’« hommes d’honneur ». L’école devient alors le dernier rempart pour empêcher la transmission de valeurs mafieuses aux nouvelles générations.

3. Référence italienne inspirante

L’Italie a mis en place depuis des décennies des programmes scolaires pour lutter contre l’influence mafieuse. Ces cours transmettent aux jeunes un esprit civique et la force de résister à l’omerta, encore très présente dans certaines régions.

Les promoteurs corses s’appuient sur cet exemple pour légitimer leur projet. Ils veulent prouver qu’une pédagogie ciblée peut inverser les logiques culturelles, transformer la société et limiter l’attrait exercé par la criminalité organisée.

4. Collectifs et académie unis pour agir

Le collectif citoyen A Maffia No est à l’origine de la mobilisation. Ses militants plaidaient pour qu’on arme intellectuellement les jeunes face aux logiques mafieuses, afin qu’ils deviennent capables de dire non à ces modèles toxiques.

Le rectorat, en s’associant au mouvement, a franchi une étape inédite : institutionnaliser la lutte citoyenne. Ce partenariat traduit une volonté commune de transformer l’école en espace de résistance culturelle et civique.

5. Objectifs du dispositif

Ce cours vise à éveiller la vigilance des jeunes face aux dérives mafieuses. Il propose d’identifier les mécanismes d’emprise, d’expliquer les dangers économiques et sociaux, et de donner aux élèves les outils pour dire non collectivement.

L’ambition est de bâtir une génération résistante, plus consciente des enjeux éthiques. Derrière les 16 heures de cours se cache une vision large : inscrire l’anticorruption dans l’éducation civique et créer des citoyens-protecteurs de l’île.

6. Vers une culture anticorruption durable ?

Le succès dépendra de nombreux facteurs : contenus adaptés, formation des enseignants, participation des élèves. Sans ces conditions, la réforme pourrait rester symbolique et manquer son objectif de transformation réelle.

Si, au contraire, l’expérience réussit, la Corse pourrait devenir pionnière. Le modèle serait transposable à d’autres territoires touchés par le crime organisé, plaçant l’école au cœur d’une stratégie durable contre la corruption et la violence.