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A midi, François Bayrou a remis sa démission au Président de la République. La France se montre aujourd’hui, plus que jamais, ingouvernable. Après la chute des gouvernements Borne, Attal, Barnier, voilà la fin de celui du maire de Pau.
Quel bilan politique faire de cet épisode? Celui d’une France fragmentée, déchirée sur tous les plans sinon sur un seul : celui de la méfiance. Les Français sont désabusés, au mieux ironiques, au pire désintéressés par leur vie politique qui semble prendre le ton d’une scène de tragédie comique, quand ils attendent de leurs décideurs d’incarner la gravité et la hauteur de vue nécessaires à la crise actuelle.
Alors que l’Assemblée refusait de donner sa confiance au gouvernement, les réseaux sociaux s’enflamment. Car cette chute est celle d’un gouvernement dont beaucoup estiment qu’il n’a pas su répondre aux défis de demain, ni incarner le renouveau si attendu. Mais sans doute, aux yeux des Français, est-ce avant tout dû à la personnalité du Premier Ministre. Sa tâche ne fut certes que peu aisée, mais beaucoup critiquent sa gestion de la crise de Mayotte, lui qui a préféré partir au conseil municipal de Pau en jet privé, ses déclarations ambiguës au sujet de Bétharram, oscillant entre contrition et négation éhontée. Le bilan du Premier Ministre semble avant tout relever plus de la déception que de l’espoir. Quand il se devait d’être clair, il a été hasardeux. Quand il devait prendre position, il s’est montré tiède, pris entre le marteau des extrêmes et l’enclume d’une majorité fragile. Or, au vu des réactions à cette chute, c’est bien là que le Premier Ministre a pêché. C’est là que notre monde politique montre ses faiblesses. La France, plus que jamais, semble avoir besoin de droiture morale, de valeurs fortes et d’un personnel politique irréprochable, si elle ne veut pas tomber aux mains des extrêmes.
Mais ne dire que cela est une bévue. Si toutes ses prises de parole, qui auraient dues être un moyen de fédérer, de donner confiance, ont créé encore plus de défiance, sa tâche était rendue ardue par une Assemblée nationale profondément divisée. Chaque vote s’est transformé ces derniers mois en bataille idéologique, par une couverture médiatique de plus en plus polarisée, où les fausses informations sont scandées de vérités absolues. Dans le monde politique où le gouvernement a évolué, tout compromis est une trahison, toute erreur est une honte. Le gouvernement n’a certes pas toujours brillé par sa pertinence fonctionnelle ni par sa cohérence interne, mais il a fait face à une défiance inégalée. Chaque faute devenait affaire d’État, preuve de l’illégitimité des ministres. Peut-on fonctionner ainsi? Dans un climat politique où tout devient scandaleux, où le vacarme des cris étouffe les faibles voix cherchant encore le compromis, gouverner devient impossible.
Ce que nous montre avant tout la chute du gouvernement Bayrou, c’est que la France a besoin de débat. D’un débat constructif, sinon apaisé, au moins respectueux. D’un débat de fond où chacun s’écoute. Or, le paysage est fracturé, entre une extrême droite et une extrême gauche virulentes, qui multiplient les scandales sur les réseaux sociaux et les médias et manipulent les faussetés comme s’il s’agissait de vérités. Et au milieu, une masse grise, allant des Républicains au Parti Socialiste, où certains pactiseraient bien avec l’extrême-droite pourvu que cela rapporte quelques voix supplémentaires aux prochaines élections et où d’autres tentent tant bien que mal de lever un front républicain encore trop désuni pour se faire confiance. Voilà le plus grand paradoxe : le débat n’existe nulle part, mais l’ensemble du monde politique s’en réclame.
Puisque le débat n’existe pas, sans doute est-ce parce son arbitre est absent. Car la racine de ces problèmes n’est-elle pas dans la lecture qu’on fait des institutions? Certes, l’Assemblée mène correctement, quoique bruyamment et souvent dans la violence, son rôle de représentant des Français, et donc des divisions du pays. Mais le gouvernement, le Premier Ministre et le Président de la République sont sous le feu de critiques plus profondes. De critiques institutionnelles.
Peut être est-ce là une explication. Le Président. Car, depuis quelques années, le chef de l’État se montre davantage comme chef de parti que comme arbitre. Le mythe de Saint-Louis sous son chêne bien souvent évoqué par le Général de Gaulle n’a sans doute que de mauvais jours devant lui. Le Président, abaissé à se mêler des luttes de parti depuis la réforme du quinquennat de 2000, forcé de se faire partisan d’un groupe au lieu de tous les Français, se dévoie. Pourquoi donc? Car cette réforme, en alignant l’élection du Président de la République pour cinq ans avec les législatives, fait de l’Assemblée une simple chambre d’enregistrement. Le Président n’a pas encore gouverné qu’on demande au peuple de choisir les personnalités qui devront analyser, rejeter ou accepter une loi que le gouvernement propose. À bien des égards, ce calendrier permet au Président de bénéficier d’une majorité à l’Assemblée, et cela a bien été le cas ces dernières années. Alors, puisque c’est sa majorité qui trône à l’Assemblée Nationale, le Président peut s’en mêler. Or, en faisant une relecture des événements, ne voit-on pas apparaître bien souvent le slogan « Macron Démission »? Est-ce une bévue ou un indice? Car en réalité, si le Président est critiqué, c’est parce qu’il est rendu atteignable. Il ne représente plus les Français dans leur ensemble, mais seulement ses électeurs. Et en nommant un Premier Ministre de sa majorité, envers et contre l’avis de bien des Français qui réclament un vent de nouveauté, il confirme cette hypothèse. Il se montre chef de parti avant d’être chef d’État.
Le dénouement du conflit politique, devenu populaire par les manifestants du 10 septembre, est donc peut-être dans un seul mot, à moins que la récente nomination de Sébastien Lecornu ne soit une décision certes facile mais prolixe : la cohabitation. La cohabitation, la meilleure des pires solutions, celle-là même qui devait être empêchée par la réforme du quinquennat. Faire de la politique du pays une politique de compromis, afin de couper toute velléité des extrêmes de voir le Président quitter l’Élysée. Montrer que le pays est gouvernable, par le débat. Que la démocratie se cultive, comme le scandent les manifestants. Sans doute est-ce là la dernière carte que peut jouer le Président de la République. Se montrer chef d’État avant d’être chef de parti, pouvant compter sur un front politique certes disparate dans ses attaches politiques, mais résolument attaché à la démocratie française, et à ses valeurs.
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